Le voyage à Nantes se fait aussi à vélo !
Lors de l’AG d’Un Plus Bio à Nantes, les 21 et 22 juin derniers, l’une des trois visites proposées aux participants portait sur le développement de l’agriculture urbaine. Une découverte à bicyclette dans une ville qui bouge sur l’écologie.
Au départ du parvis de l’hôtel du département de Loire-Atlantique, une vingtaine de participants, élu(e)s et techniciens des collectivités membres de l’association Un Plus Bio, ont bravé la chaleur mêlée de pluie pour partir à la découverte des paysages nourriciers de la ville. Depuis le premier confinement, Nantes a mis un grand coup d’accélérateur au développement de l’agriculture urbaine. Qui n’a jamais entendu parler des carottes, choux et navets venus remplacés les plantes ornementales dans les allées de la capitale de Loire-Atlantique ?
Nous avons voulu en savoir plus sur cette démarche dont s’emparent aujourd’hui de nombreuses villes pour répondre, entre autres, aux enjeux d’éducation alimentaire, de démocratie locale, de lutte contre la précarité alimentaire ou encore de protection de la biodiversité en ville. Un parcours cyclable relie ainsi trois lieux insolites des Paysages Nourriciers de la ville de Nantes :
• Un jardin partagé, « Amazonia Garden », géré par les habitants avec l’aide d’une association nantaise d’agriculture urbaine.
• La pépinière municipale, qui produit entre autres, des plants maraichers pour les stations gourmandes et jardins collectifs de la ville.
• Une ferme urbaine, « l’Alouette Rit », implantée sur des terres municipales, sur lesquelles se sont installés deux maraichers bio.
Premier arrêt : Amazonia Garden
En quelques coup de pédale, nous voilà dans le quartier « Malakoff », un secteur qui a fait l’objet d’une opération d’aménagement et de renouvellement urbain (Grand Projet de Ville Malakoff). Au milieu des immeubles d’habitation, nous découvrons « l’Amazonia Garden », un jardin partagé d’une surface de 120m2, inauguré en 2016. C’est le seizième jardin partagé de ce type à voir le jour sur le territoire nantais.
Sa particularité ? Il fait partie des neuf stations gourmandes de la ville qui invitent les habitants et les passants à faire une pause, tout en dégustant les fruits et légumes en libre accès. Les seules règles : attendre que les fruits et légumes soient à maturité pour les cueillir et se servir avec modération. À côté du potager et des tables de pique-nique, une parcelle clôturée est dédiée à une fonction plus productive, pour assurer la deuxième mission des « Paysages nourriciers » de Nantes : lutter contre la précarité alimentaire, en mettant à disposition des paniers de légumes aux habitants.
Mais alors, qui s’occupe de ces jardins ? Ils sont cultivés et entretenus par un collectif d’habitants, avec l’appui d’ECOS et du service espaces verts de la ville. ECOS est une association nantaise qui expérimente des projets collectifs en milieu urbain, en s’appuyant sur la pratique du jardinage pour créer du lien social, ouvrir des espaces de partage, et sensibiliser à la diversité du monde vivant. L’association, en partie financée par le « Plan Pauvreté », a noué une convention de partenariat avec la ville de Nantes. Elle s’occupe ainsi de douze jardins différents dans la cité. Mais ce n’est pas la seule, en tout 35 associations gèrent au quotidien les jardins collectifs avec l’appui des services de la ville. ECOS gère aussi une pépinière de quartier à Doulon, sur une parcelle municipale, dans l’objectif d’accompagner les jardiniers en herbe dans leurs projets de végétalisation urbaine. Elle s’occupe également de l’animation d’un système de prêt entre propriétaires de jardins ne pouvant plus cultiver et jardiniers volontaires.
Les jardins urbains à Nantes, une vieille histoire !
Cela fait plus de trente ans que la ville soutient le développement des jardins collectifs sur son territoire. Aujourd’hui, plusieurs directions sont mobilisées sur cette politique volontariste. Les résultats ?
• 41 sites de jardins collectifs dont 25 jardins familiaux et 16 jardins partagés,
• 20 tonnes de légumes par an, et 139 variétés
• Neuf stations gourmandes en centre-ville
• Une équipe pédagogique au sein du service « Parcs et jardins », chargée de l’accueil des écoles.
Deuxième arrêt dans l’Est nantais : la pépinière du Parc du Grand Blottereau
Halte incontournable : la pépinière municipale, créée en 1953, qui s’étend sur neuf hectares. Depuis sa création, elle a évolué pour répondre aux ambitions de la politique alimentaire de la ville et, au-delà des 1 500 arbres qui sortent de la pépinière chaque année, elle alimente les fameuses stations gourmandes et jardins collectifs. Pour faire vivre ce nouveau métier, la municipalité a dû faire preuve d’inventivité pour accompagner les agents du service espaces verts, qui n’étaient pas initialement formés au maraichage. La ville s’appuie sur les formations du CNFPT, mais a aussi développé ses propres ressources grâce aux fermes du territoire qui sont devenues un passage obligatoire des jardiniers municipaux. Aujourd’hui, la ville produit 80 000 plants de légumes de grandes consommation (choux fleurs, poireaux, aubergines, courgettes, courges…) sur 600 m2, ce qui équivaut à près de douze tonnes de légumes par an.
Troisième et dernier arrêt : La ferme vivante de « l’Alouette Rit »
Après plusieurs kilomètres qui ont fini d’achever les plus sportifs de la troupe, nous voilà dans un quartier périphérique en plein développement : le Doulon-Gohards. En arrivant sur la ferme vivante de « l’Alouette Rit », on aperçoit plusieurs chantiers tout autour : ici une nouvelle école en construction, là-bas, de nouveaux logements. En fait, on se trouve sur un projet de Zac (zone d’aménagement concerté), piloté par la métropole nantaise et la ville. Dans le quartier, la présence du maraichage est très ancienne. Celui-ci a complètement façonné le paysage, en particulier à partir du début du XXe siècle, où les « jardiniers » (maraichers) remplacent définitivement les laboureurs. D’ailleurs, sur la Ferme de l’Alouette Rit, l’ancien château d’eau est de nouveau utilisé.
En 2019, Simon Prévost et Clément Amour, porteurs de projet, proposent de reprendre une des cinq anciennes fermes du quartier que la métropole souhaite réhabiliter. Les choses se concrétisent quand un bail de dix-huit ans est signé sous la forme d’un « crédit bail » (l’exploitant verse un loyer) avec la SPL (Société publique locale) Nantes Métropole Aménagement qui prend en charge une grande partie des investissements matériels.
Pour relever le défi d’une installation en milieu urbain, les deux maraichers ont fait le choix du « maraichage intensif », un concept qui vise à cultiver de façon très dense et donc avec très peu de machines. Pour lutter contre les parasites et les maladies qui peuvent se transmettre plus facilement d’une rangée à l’autre, ils ont conçu des espaces de culture par bloc, avec une rotation sur quinze ans. Pour ce qui est des débouchés, la ferme fait de la vente directe dans son magasin, où sont également vendus quelques produits venus d’autres fermes (œufs, pain, bière). Une partie des ventes, environ 40%, est liée aux restaurateurs nantais livrés dans un rayon de cinq kilomètres maximum autour de la ferme.
La construction d’une école juste à côté de la ferme a évidemment éveillé l’attention des maraichers sur l’approvisionnement de la restauration collective. Pour ces deux jardiniers qui ont déjà une activité bien diversifiée, entre maraichage, conseil et animations pédagogiques, cela tombait sous le sens. Aujourd’hui, Simon et Clément ont été rejoints dans le quartier par les porteurs d’un projet de brasserie sociale et solidaire et une « étable nantaise » qui souhaite revaloriser une race typique de la région.
Envie d’en savoir plus ? Prenez contact !
Nantes Paysages Nourriciers : vincent.le-gall@mairie-nantes.fr
Fermes Urbaines de Nantes Métropole : elsa.nedelec@nantesmetropole.fr
- Elsa Nedelec, cheffe de projet « paysages nourriciers » à la métropole de Nantes.
- Nicolas Martin, conseiller municipal délégué à la restauration collective de la ville de Nantes et vice-président de Nantes Métropole.
- Elhadi Azzi, conseiller municipal et élu de quartier Malakoff – Saint-Donatien.
- Romaric Lesaint, coordinateur de l’association ECOS.
- Simon Prévost, maraicher de la Ferme l’Alouette Rit.
- Angèle Clément, référente Santé Solidarité de la ville de Nantes – Quartier Malakoff.
- Raphaëlle Cézé, responsable de la production florale au service des espaces verts et de l’environnement de la ville de Nantes.