Plan de relance des petites cantines : vrai coup de pouce ou gadget inadapté ?

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10 février 2021
Ils l'ont fait

Le décret d’application et l’arrêté ont été publiés le 7 février au Journal officiel.

Publié le week-end dernier au Journal officiel, le décret du 6 février 2021 « relatif au soutien de certaines cantines scolaires dans le cadre du plan de relance » fixe les conditions d’octroi des aides financières destinées à certaines collectivités locales dans le cadre de leur restauration collective. Pour mémoire, il s’agit d’une enveloppe nationale de 50 millions d’euros, mobilisée pour faciliter la transition des cuisines de cantines vers les objectifs de la loi EGalim et 50% de produits durables d’ici janvier 2022. Qui peut en bénéficier ? Principalement les petites communes qui étaient éligibles en 2020 à la dotation de solidarité rurale. Pour elles, l’État apporte une aide à partir de 1 500 € de dépenses, égale au montant de ces dépenses dans la limite d’un plafond allant jusqu’à 33.000 €. L’arrêté d’application du 7 février précise les conditions d’octroi de ces aides, essentiellement tournées vers l’équipement en matériel, la réduction du gaspillage et le remplacement du plastique.

Si cette partie du plan de relance est un signe positif envoyé aux collectivités qui cherchent à progresser, on peut s’interroger sur l’ampleur et le choix des aides proposées. Membre d’Un Plus Bio, élu départemental de la Gironde et maire de Cussac-Fort-Médoc, Dominique Fedieu résume le sentiment qui domine chez les élus concernés. « C’est un dispositif partiel, hâtif et qui présente un caractère gadget », explique-t-il . « On se demande comment a été paramétré le dispositif car les aides sont fléchées vers des achats pas forcément nécessaires. Pour faire court, à quoi bon proposer d’aider une commune à acheter une éplucheuse quand elle n’a même pas de légumerie ? D’une manière générale, les élu(e)s engagé(e)s dans la transformation alimentaire n’ont pas attendu après l’État pour acheter tel ou tel matériel. En revanche, oui, certaines communes sont en retard sur leur projet alimentaire et ont à ce titre plus besoin que d’autres d’un vrai soutien, mais qui va à mon avis bien au-delà de quelques subventions de matériels. L’idéal aurait été de faire un plan de relance des cantines plus ambitieux et concerté avec les différents acteurs, l’Association des maires de France, l’Association des maires ruraux, les associations spécialisées, de sorte qu’on fasse un tour de table précis des besoins. » Dominique Fedieu, dont la commune est elle-même éligible au dispositif, ne pense ainsi pas faire appel aux subventions et prédit même un risque de « non consommation des crédits » proposés.

Et quid des communes plus importantes ? La déception est grande à Salon-de-Provence (13), 45 000 habitants et 5000 repas quotidiens. « On s’attendait à un plan plus ambitieux, moins sélectif et moins sectorisé, qui n’exclue pas les villes de moyenne et de grande taille car ce sont elles aussi qui aident à transformer l’agriculture en général et les politiques alimentaires, dit Emmanuelle Cosson, élue à la restauration. Au lieu de cela, ce dispositif ne permet pas de cibler certaines priorités et les conditions d’octroi de l’aide sont si restrictives qu’à la fin, le soutien dont on a besoin n’est finalement pas éligible ! »

Il en va ainsi de l’aide aux collectivités comme des primes environnementales aux particuliers qui veulent changer de chauffage ou d’isolation : des aides, oui il y en a, mais on n’est jamais sûrs d’y avoir droit !

Retrouvez un guide et des exemples d’investissements éligibles.

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