Victoire de la solidarité : tentez votre chance !

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14 avril 2021
Ils l'ont fait

La crise, encore elle. Elle met sous pression le secteur de la restauration collective avec ses protocoles renforcés et ses incertitudes du lendemain. Mais elle réveille aussi des solidarités surprenantes qui racontent une autre histoire humaine des confinements. Exemple à Millau (12), qui pourrait inspirer les candidats aux Victoires 2021, catégorie « solidarité ».

Le jour (festif) de la remise du label En Cuisine niveau 2 par Ecocert, en janvier 2020.

Existe-t-il un tropisme aveyronnais en termes de don de soi ? Cette curieuse  question se pose, aussi sérieusement qu’avec le sourire, dans la commune de Millau, depuis le premier confinement en mars 2020. Ici, la crise sanitaire en a provoqué une autre, plus enjouée : une vraie poussée de fièvre solidaire !

Avec ses 18 employés mobilisés à la préparation de 1 200 repas quotidiens, le directeur de la restauration municipale Julien Aigouy n’a rien lâché pour assurer la continuité de service et au-delà. Même lorsque le confinement intégral avait retenu tout le monde à la maison, il était resté sur le pont, et ses agents ont préparé des repas portés au domicile de 250 personnes âgées ou dépendantes. Les cuisiniers se sont mués en agents de livraison. « À Pâques, on leur a déposé du chocolat, en mai, un brin de muguet en plus du plateau repas. Pour ces personnes, c’était quasiment le seul lien qui les reliait au monde », témoigne le technicien.

Du côté des producteurs locaux, avec lesquels la cuisine centrale a noué de beaux partenariats, une approche sociale et économique prévaut. Même dans le confinement actuel, Julien a maintenu ses engagements, notamment avec les éleveurs. « J’ai des cellules de surgélation, j’ai donc pu garantir les achats aux éleveurs pour lesquels les commandes se programment au trimestre car ils ont des contraintes d’élevage et de calendrier d’abattage à respecter. » Pour les autres fournisseurs c’était moins simple mais la plupart d’entre eux, comme les autres acteurs économiques du territoire, ont appris à anticiper…

Quand les légionnaires du Larzac s’en mêlent

La crise a tout de même frappé fort, le mois dernier. Un matin, un des agents en cuisine est déclaré positif. Un test massif est simultanément effectué sur les collègues avec ce bilan, frissonnant : sept cas positifs, et de nombreux autres cas contacts. Branle-bas de combat. Julien Aigouy est le seul rescapé et le voilà qui, durant deux jours, se retrouve seul à préparer… 1 200 repas, « j’y étais de deux heures du matin à 21h30 le soir ! ». Rapidement, une parade vient le soulager. Cinq légionnaires du camp du Larzac voisin sont réquisitionnés en soldats de l’unité culinaire, rejoints bientôt par une poignée d’élèves de l’école hôtelière locale. Ambiance !

Cet élan de solidarité se poursuit par des échanges avec la Banque alimentaire, qui vient chercher les denrées périssables redistribuées via le centre communal d’action sociale. « Au final on trouve toujours des solutions, mais franchement, cette crise est raide à vivre et je sens un épuisement moral des troupes, ce serait bien qu’on arrête un jour de parler Covid, Covid, Covid ! »

Des histoires comme celle-ci en disent long sur la capacité de résilience des femmes et des hommes sur certains territoires. Cette année, la catégorie « solidarité » des sixièmes Victoires des cantines rebelles verrait bien ce genre d’initiatives se multiplier. Particularité 2021 : c’est la catégorie où le lauréat sera désigné par le « coup de cœur des mangeurs », un vote en ligne dont on vous reparlera.

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