Les rencontres nationales du Club des Territoires 2022
Une ouverture par Aurélie Solans, conseillère déléguée à l'environnement auprès de la maire de Paris, en charge de l'environnement, du développement durable, de l'eau, de la politique des canaux et du plan climat.
Plus politique que l'alimentation, tu meures !
Plus d’une centaine d’élus ont participé aux Rencontres du Club des Territoires, jeudi 20 octobre à l’hôtel de ville de Paris. Au menu : l’exception alimentaire dans le code des marchés, l’inventivité politique des collectivités locales et le rappel de la définition du bio dans les assiettes.
À la tribune, deux moments importants. Le premier : une présentation des expériences de la communauté d’agglomération du Grand Angoulême, de Miramas (13), de la commune d’Urrugne (64) et de Salon-de-Provence (13). On a parlé de foncier agricole, de mutualisation des outils et des cuisines, de projets alimentaires qui développent la transversalité des services dans les collectivités locales…
Deuxième morceau de choix : faut-il changer les règles du marché pour favoriser la relocalisation alimentaire, en assouplissant le code des marchés publics ? Un Plus Bio était montée au créneau au début de l’année dans une tribune publiée par Libération, qui a connu un grand succès d’audience y compris dans la société politique. Trois invités sont venus en parler ce matin à Paris : Maria Pelletier, co-fondatrice de Maison Marion (une meunerie et entreprise d’aliments bio pour animaux qui travaille avec un petit millier d’agriculteurs dans l’Ain) et présidente de Générations Futures ; Claude Gruffat, ancien président du réseau Biocoop et député européen, Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, administrateur d’Un Plus Bio et président du groupe écologiste au Sénat.
→ Maria Pelletier a d’abord martelé un message sur le bio : « On ne vit pas en bonne santé dans un environnement malade… On a plus que jamais besoin de biodiversité agricole, or on développe aujourd’hui, au détriment du bio qui reste la seule approche valable en agriculture, des labels comme le HVE (Haute valeur environnementale) qui sont des tromperies très claires ! On est train de réfléchir à l’opportunité d’attaquer juridiquement ce label. » L’entrepreneuse plaide également pour des contrats solides sur les territoires entre les acteurs privés et publics et pour une politique de prévention santé qui passe « selon de nombreuses études scientifiques » par une meilleure alimentation.
→ Guillaume Gontard : « J’aime cette combativité et le rappel de la définition du bio. C’est vrai que le label HVE fait partie du pack des 50% de produits durables en restauration collective, pour moi ça pose de sérieux problèmes. Heureusement, on a 20% de bio dans EGalim, mais il faut se rappeler que c’est un objectif de haute lutte qui avait été d’abord éjecté via un amendement en commission. La loi, elle doit être beaucoup plus ambitieuse, pourquoi pas 50% de bio, car c’est par l’action politique qu’on fait bouger les choses, en cuisine, en agriculture, dans la santé, chez les convives. On aura toujours des collectivités qui freinent ou ont peur du changement, mais il faut y aller, s’organiser et se donner les moyens, avec un État qui doit jouer son rôle d’accompagnement, y compris financier. »
→ Claude Gruffat : « Se nourrir doit être un droit fondamental qui ne se joue pas en bourse, comme les céréales cotées à Chicago. La souveraineté alimentaire n’a rien à voir avec la concurrence ou la spéculation, c’est une affaire exclusivement politique. La réponse n’est donc pas de produire dans des pays qui ont industrialisé leur agriculture au prix d’un impact sur l’environnement très toxique, mais de produire simplement un peu plus et de manière équilibrée dans tous les pays qui ont le droit de poser les conditions de leur propre souveraineté alimentaire. »